Notre experte
Catherine Didier
Directrice des Opérations Alixio Mobilité et Directrice Générale Alixio Activ
3 questions à … Catherine Didier
Alors que la situation économique se tend et que les annonces de plans sociaux rythment de nouveau l’actualité, comment les entreprises et les salariés abordent-ils ce moment délicat… Jusqu’à en sortir par le haut ?
Mise au point avec Catherine Didier, Directrice des Opérations Alixio Mobilité et Directrice Générale Alixio Activ.
Notre experte
Catherine Didier
Directrice des Opérations Alixio Mobilité et Directrice Générale Alixio Activ
3 questions à … Catherine Didier
Alors que la situation économique se tend et que les annonces de plans sociaux rythment de nouveau l’actualité, comment les entreprises et les salariés abordent-ils ce moment délicat… Jusqu’à en sortir par le haut ?
Mise au point avec Catherine Didier, Directrice des Opérations Alixio Mobilité et Directrice Générale Alixio Activ.
Quel regard portez-vous sur le climat économique actuel ?
Catherine Didier. Nous voyons que les plans sociaux repartent à la hausse, et ce dans toutes les tailles d’entreprise. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu à gérer autant de fermetures de sites avec des plans de départs contraints (PSE).
Ces dernières années, nous avons accompagné beaucoup de plans de départs volontaires, mais aujourd’hui, en 2024, nous sommes surtout sollicités par des structures de taille modeste qui sont contraintes de licencier entre 20 et 30 personnes, fermer des petits sites devenus non rentables.
Je remarque que beaucoup d’entreprises qui comptent moins de 1 000 collaborateurs anticipent et vont bien au-delà de leurs obligations – qui se limitent au Contrat de Sécurisation Professionnelle – en matière d’accompagnement des salariés concernés par le projet.
Elles sont en effet très nombreuses à mettre en place un espace d’informations et de conseil, en amont des licenciements, à proposer un accompagnement renforcé et des dispositifs de soutien psychologique…
C’est dans cette perspective qu’elles font appel à des consultants comme nous : pour rassurer, accompagner les salariés et faire en sorte que ce moment douloureux se passe le mieux possible pour leurs salariés.
C’est une nouveauté ? Les entreprises abordent ces situations d’une manière inédite ?
Catherine Didier. Tout à fait. Auparavant, en cas de PSE, les négociations portaient principalement sur les indemnités de départ, alors qu’aujourd’hui, l’accent porte davantage sur les budgets de formation et l’accompagnement.
Le contexte économique a changé, les métiers évoluent très vite : on cherche moins à retrouver un emploi identique, le sujet est de plus en plus la reconversion professionnelle (plus de 50% des projets des personnes que nous accompagnons). Et surtout, on attend de la part des entreprises qu’elles jouent un rôle de support dans cette phase de transition.
Et pour une entreprise, choisir d’assumer pleinement ce rôle, c’est une façon d’apaiser le dialogue social. Quand nous sommes missionnés dans le cadre d’un PSE, notre première mission est d’écouter les craintes, faire preuve de pédagogie, et expliquer concrètement aux salariés ce qui va se passer, car c’est un moment anxiogène pour celles et ceux qui n’ont jamais vécu de situation de ce genre.
Je pense par exemple aux séniors, ayant une forte ancienneté dans l’entreprise pour qui un PSE suscite beaucoup d’inquiétudes, sur les perspectives mais aussi en lien avec la réforme des retraites : si je suis en congé de reclassement, est-ce que je continue à cotiser ? Est-ce que ça va décaler mon âge de départ ?
Mais pour de nombreux salariés, le PSE est paradoxalement une manière de repenser leur projet professionnel et de bénéficier pendant deux ou trois mois de l’accompagnement dédié d’un consultant spécialisé dans les transitions professionnelles.
Quelque chose aurait donc aussi changé dans la perception que les salariés ont du PSE ?
Catherine Didier. Au risque de nous répéter : un PSE provoque par définition beaucoup d’inquiétudes… Mais oui, pour de nombreux salariés, c’est aussi l’occasion de faire le point sur leurs compétences et sur l’opportunité d’une reconversion professionnelle. Comment sortir par le haut d’une situation de crise, mieux équipé, plus employable ?
Au moment du COVID, beaucoup de gens ont été amenés à se questionner sur le sens de leur métier, sur leur place et leur rôle dans leur entreprise. Ce fut une phase d’accélération, car les carrières avaient déjà depuis longtemps cessé d’être linéaires.
Tout le monde a commencé à intégrer la nécessité de changer dans le monde économique qui est le nôtre, et d’une certaine façon, cela se reflète dans la manière d’aborder un PSE.
Comment se former au mieux ? Se requalifier ? Comment faire usage de ses compétences dans un nouveau domaine ou métier ?
En tant que consultants, ce sont ces questions que nous sommes amenés à aborder avec les salariés, et notre mission, c’est de les aider à délimiter le champ des possibles. Il faut s’assurer un maximum qu’il existe un marché et des débouchés pour l’activité dans laquelle le salarié aimerait se lancer… Une formation n’est utile que si elle est en phase avec les opportunités économiques offertes par un territoire donné, en proximité du lieu de vie.
Une formation n’est utile que si elle est en phase avec les opportunités économiques offertes par un territoire donné.
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